Plus haut bâtiment de Paris pendant des siècles, la cathédrale Notre-Dame située sur l’espace contraint de l’Île de la Cité, donc au cœur de la Seine, exige, dès lors qu’il a été décidé de la restaurer après le grand feu du 15 avril 2019, qu’une grue de grande hauteur (80 mètres) capable de lever jusqu’à 8 tonnes, soit installée. Aussitôt, elle symbolise aux yeux des parisiens les travaux en cours et suscite l’émerveillement des visiteurs.
Plus discrètes, 3 autres grues et, selon les besoins, plusieurs nacelles de levage (de 70 et 90 mètres) la complètent en concomitance pour permettre au chantier de respecter le délai de 5 ans imposé par le Président de la République, 3 jours après la catastrophe.
La difficulté réside dans la gestion des mouvements de ces géants qui évoluent dans un espace tridimensionnel très contraint. Leurs déplacements nécessitent une gestion rigoureuse pour fluidifier les opérations de levage, empêcher le survol des zones interdites, éviter les collisions, le croisement des bras et l’emmêlement des câbles.
Comment faire ?
Tout « simplement » en équipant les grues d’un système anticollision et en les dotant d’un automate de sécurité, d’un modem radio avec fréquence dédiée et d’un ensemble de capteurs de mesures. Première mondiale sur le chantier du siècle, la pose, en plus grand nombre qu’habituellement, de capteurs sur les nacelles, permettant ainsi de repérer les objets en 3D. Ces nacelles sont les instruments de sécurité prioritaires pour l’évacuation des personnels en cas d’urgence. Leurs mouvements doivent donc être libres à tout moment.
Ces technologies ont été développées par la société française AGS, dirigée par Fabrice Arnaud, et leur gestion confiée à la société Epitech de Davy Bemba Matondo. Cette dernière vérifie chaque matin l’adéquation des grues avec les besoins prévus dans la journée et programme les opérations. Elle agit dans la cadre très strict de l’arrêté ministériel du 1er mars 2004 relatif aux vérifications des appareils et accessoires de levage. Puis un briefing consacré aux interférences détermine les mouvements de la journée, sans oublier évidemment le temps consacré à la vérification et à l’entretien. Au cours de la journée, l’agent suit les mouvements sur un écran tactile intuitif de grande dimension qui affiche grues et nacelles, et permet leur coordination et l’adaptation du plan de charge à des besoins ad-hoc. Il donne droit absolu à la sécurité des personnels et du bâtiment. Retenons que la résistance du sol est régulièrement vérifiée pour sécuriser les 26 tonnes que pèse notamment la grue principale.
Sur site, les élingueurs disposent de talkies-walkies dont deux fréquences radio sont dédiées aux communications relatives à ces mouvements et à la sécurité.
Ce qui paraît simple s’avère donc complexe. L’affect qui entoure le projet dirige les projecteurs de l’actualité sur le chantier et crée une exigence plus que soutenue de sécurité. Là plus que partout ailleurs les entreprises entendent respecter les lois et, surtout, se font un devoir moral de préserver les hommes, tout en ayant pour objectif de rendre à l’humanité un de ses monument majeurs.
C’est ce même esprit qui a conduit les pompiers de Paris à utiliser des drones pour contrôler l’état d’avancement du feu, puis établir le diagnostic des dégâts et enfin déterminer les actions à entreprendre pour la restauration sans oublier le fait que la complexité du chantier était grandement accrue par la présence de l’échafaudage qui avait été monté pour les travaux de la flèche et qui s’est en partie effondré sur lui-même. Les drones ont permis de travailler dans la précision sans aggraver l’état de délabrement. Ils ont aussi déterminé l’ordre des interventions pour éviter les effondrements.
Les technologies les plus avancées de levage et de reconnaissance ont donc été sollicitées pour le sauvetage du vaisseau parisien ; tant les pompiers que les architectes et compagnons y ont eu recours. Elles marquent l’histoire et génèrent l’espoir !